samedi 11 avril 2009

De soie et de fer...

Une méditation pascale bouleversante que j'avais mise en page l'année dernière déjà. Mais à ce moment-là, je n'avais pas de blog, je poste donc ce mini à l'occasion de Pâques 2009.



La femme caresse le bois où son fils a laissé la trace de son supplice.
Ses larmes épuisées, les traits ravagés, 
elle semble peindre et repeindre
le mât dressé, repasser dans ses fibres
l'histoire de sa maternité.

Le soldat s'approche, observe ses gestes répétés,
si poignants qu'ils imposent le respect.
"Que fais-tu là ?
L'homme que tu cherches est mort."

Le regard de la femme le cloue sur place.
Il est de soie et de fer, de plomb et d'or.
"Crois-tu ?" répond-elle en découvrant sa face.

A cet instant, il la reconnaît.
Deux jours plus tôt, entre ses bras,
elle avait recueilli le corps inerte du condamné.
Celle qui avait entendu son premier cri
avait écouté le dernier.
Dans ses yeux dansait une lueur de folie...
Elle examine le jeune soldat.
"C'est toi qui lui as donné le coup de lance."
Il est à peine sorti de l'enfance,
mais déjà rompu à l'obéissance.


Surgi de la nuit tombée, Jean s'avance,
offre son soutien à Marie...

Alors qu'ils sont déjà loin,
que l'aube fardée point,
que les chants des coqs se répondent,
le garde interrompt sa ronde.

Lui qui a toujours ressenti
une crainte sourde à la toucher
pose une main tremblée sur le bois lustré.

Sous sa paume endurcie
palpite le sang du crucifié.

Geneviève Convain-Sargnon

1 commentaire:

Tama a dit…

Deux très beaux textes superbement mis en valeur. Aujourd'hui, ils prennent une dimension particulière.
Merci!